Approches ethnographiques et biographiques
Ethnographical and biographical approaches
Résumé
Cette journée d’étude a pour objectif d’appréhender les rapports sociaux de race, de sexe et de classe au travers de la question minoritaire. Nous parlerons ici de « groupes minoritaires » ou « minorisés » pour évoquer plus explicitement la complexité des rapports sociaux qui façonnent une hiérarchisation naturalisante et naturalisée entre groupes ainsi constitués. Plutôt que d’explorer ces questions en termes de discriminations et de subjectivations, notre approche privilégiera l’analyse des dimensions matérielles et symboliques des vécus minoritaires. Dès lors, qu’est-ce qu’être « minorisé » et qu’est ce qu’une situation minoritaire ?
Annonce
Journée d’études de l’équipe CSU du CRESPPA
Organisée par Delphine Naudier et Eric Soriano
Mardi 30 mars 2010
LE FAIT MINORITAIRE AU PLUS PRES
Approches ethnographiques et biographiques
Site Pouchet – salle 159
59-61, rue Pouchet
75 017 Paris
Cette journée d’étude a pour objectif d’appréhender les rapports sociaux de race, de sexe et de classe au travers de la question minoritaire. Nous parlerons ici de « groupes minoritaires » ou « minorisés » pour évoquer plus explicitement la complexité des rapports sociaux qui façonnent une hiérarchisation naturalisante et naturalisée entre groupes ainsi constitués. Plutôt que d’explorer ces questions en termes de discriminations et de subjectivations, notre approche privilégiera l’analyse des dimensions matérielles et symboliques des vécus minoritaires. Dès lors, qu’est-ce qu’être « minorisé » et qu’est ce qu’une situation minoritaire ?
En effet, si la position de minoritaire ou de « minorisé » résulte de rapports sociaux inégalitaires, elle se concrétise dans des interactions sociales complexes. Si elle peut être activée quand précisément l’on incarne une exception dans des espaces hétéronormés, homosexués ou monocolores, cette position sociale est susceptible d’être amplifiée quand elle se réfracte dans une multiplicité de scènes de vie sociales. Qu’il s’agisse de travailler sa réalité dans le monde professionnel, militant ou dans différents cercles de sociabilités, cette position n’est cependant pas univoque.
Comment dès lors jouer du paradoxe, qui place en situation de pouvoir statutaire quand certains signes extérieurs (sexe, couleur, handicap…) assignent, par ailleurs, à une position de subordonné(e) ? Comment s’arrange-t-on alors avec les variations d’échelle de reconnaissance qui s’imbriquent dans l’expérience vécue ? Comment opèrent en pratique les disjonctions entre les différentes positions sociales occupées (dans son métier, dans sa famille, dans certains cercles de sociabilités…) ? Entre l’invisibilité et les marqueurs sociaux, symboliques, comment se négocient les assignations, les préjugés, les stéréotypes, et leurs traductions pratiques dans l’expérience minoritaire. Comment les « minorisés » composent-ils avec la distance sociale spécifique imposée par cette position ?
D’un point de vue plus méthodologique, comment la méthode ethnographique et la méthode biographique permettent-elles d’appréhender la question minoritaire ? Quelles en sont les difficultés spécifiques ? Comment appréhender les conditions minoritaires au travers de l’analyse des interactions sociales ou des tensions biographiques qu’elles engendrent? Comment se saisit-on de ces questions lorsque l’observation ethnographique et/ou biographique se précise ? Quels sont les effets sur le travail d’enquête d’une position statutaire spécifique du chercheur ? Comment dans l’écriture se débrouille-t-on de la multiplicité des mots qui identifient les individus ?
Enfin, si la question de la politisation des « minorisés » permet de révéler les processus sociaux, politiques et historiques qui ont produit de la différenciation et de la domination, elle s’accompagne de son revers, en pérennisant l’« altérisation » et l’assignation à l’identification monolithique pour l’ensemble des membres du groupe. Quels sont les effets d’une politisation des « minoritaires » sur l’expérience vécue des discriminations ? Le fait de pouvoir déconstruire une position minoritaire permet-elle d’en atténuer les effets ? Comment s’expérimente la « visibilisation » d’une telle position et en quoi cette visibilité influence-t-elle l’usage des catégories d’identification et d’auto identification ? Puisque la place de minoritaire est le produit de rapports sociaux, comment peut-on faire un usage de l’étiquette pour la constituer en argument de lutte dans le cadre d’un rapport de force politique ?
Contacts : delphine.naudier@csu.cnrs.fr; eric.soriano@univ-montp3.fr
Journée d’études de l’équipe CSU du CRESPPA (CNRS, Université Paris 8)
Organisée par Delphine Naudier & Eric Soriano
Mardi 30 mars 2010
Programme
9h45-10h00 Accueil des participants
10h00-10h15
Introduction de la journée par Delphine Naudier et Eric Soriano (CSU du CRESPPA, CNRS- Université Paris 8)
10h15-13h00
CHRISTELLE AVRIL (Université Paris 13) : « Positions et relations des groupes de couleur dans l’aide à domicile »
Discutant : Cédric Lomba (CSU-CRESPPA, CNRS-Université Paris 8)
GENEVIEVE PRUVOST (CESSDIP, CNRS) : « Une minorité programmée pour le rester : les femmes dans la police »
Discutante : Marjolaine Roger (CSU-CRESPPA, CNRS-Université Paris 8)
JOHN KRINSKY (City College of New York), MAUD SIMONET (IDHE, PARIS 10): « Hiérarchies au travail: le statut, le genre, la classe et la race dans le nettoyage des parcs municipaux à New York »
Discutant: Daniel Bizeul (CSU-CRESPPA, CNRS-Université Paris 8)
13h00
Déjeuner (libre) Merci de préciser aux organisateurs avant le 25/03 si vous déjeunerez à la cantine du site Pouchet
14h00-17h00
SARAH MAZOUZ (IRIS, ENS Jourdan) : « Rendre compte de l’expérience minoritaire. Problèmes épistémologiques et moraux »
Discutant : Eric Cheynis (CSU-CRESPPA, CNRS-Université Paris 8)
PAP N’DIAYE (CENA, EHESS) : « Théories et pratiques du colorisme en France »
Discutante : Laure Pitti (CSU-CRESPPA, CNRS-Université Paris 8)
ELENI VARIKAS (GTM-CRESPPA, CNRS-Université Paris 8) : « A rebrousse-poil. Du potentiel cognitif de la perspective de la “défaite””.
Discutante : Anne-Marie Devreux (CSU-CRESPPA, CNRS-Université Paris 8)
17h00-18h30
Pot
19h00-21h30
Projection-débat
L’ordre des mots (2009) de CYNTHIA ARRA et MELISSA ARRA
A partir de portraits d’activistes, ce documentaire dresse un état des lieux de la question trans et intersexe en France
Présidente de séance : Michèle Ferrand (CSU-CRESPPA-Paris 8)
Intervenant : à confirmer
Modératrices: Magdalena Brand et Elise Requilé (CSU-CRESPPA, CNRS- Paris)
Librairie Résistances 4, Villa Compoint (17è)
M° Guy Môquet (ou Brochant) BUS 31 : Arrêt « Davy-Moines »
ENTREE LIBRE